Le bois énergie sur la sellette

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Fordaq JT
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Cela fait longtemps que les ONG à Bruxelles tentent de freiner le développement du bois énergie. A présent que l'énergie nucléaire a été verdie, ce genre de vote prend une coloration particulière. Dans le plan Climat raté de l'Europe, qui devait aboutir en 2020, l'objectif du développement des énergies renouvelables était clairement identifié et parallèlement, la décennie 2010 était clairement marquée par la volonté de réduire l'énergie nucléaire. Le vote du 17 mai se place également en perspective des graves problèmes d'approvisionnement de l'Europe en énergie sur fond de front ukrainien. 

La filière bois française n'a pas encore réagi à ce vote qui se place dans la poursuite d'une longue joute, qui avait déjà mis en relief la notion de bois rond en 2018. L'enjeu apparent est d'empêcher que la filière du bois énergie ne broie des grumes qui d'ailleurs pourraient être utiles à l'emballage, au bois d'oeuvre, mais aussi à la trituration. Mais l'objectif caché est de pénaliser la filière de transformation du bois en Europe, car aujourd'hui, la production de bois d'oeuvre est intimement liée au développement du bois énergie.

Le New York Times a titré que le vote de mardi changerait la donne en Europe, mais c'est fort douteux. Premièrement, l'Europe s'arbitre par l'interaction du Parlement, de la Commission et du Conseil Européen. L'offensive de 2018 autour du bois rond n'avait finalement rien donné. La situation est plutôt opposée, aujourd'hui, le développement du bois énergie est la grande alternative européenne pour éviter le nucléaire et le gaz de schiste américain. Les prix sont plus concurrentiels que jamais, qu'il s'agisse des plaquettes, des pellets ou des bûches densifiées ou non. Surtout, comme Poujoulat se plaît à le souligner, il s'agit d'une énergie domestique.

Autre signe, le redémarrage de Gardanne qui trouve enfin un contexte international et économique favorable. Pour autant, les signaux européens sont à prendre en compte. Il y avait le comité scientifique de la Commission, qui remarquait il y a quelques années que le bois énergie était à bannir car il provoquait des émissions qui tarderaient à être recaptée dans un contexte d'urgence qui ne le tolérait plus. Un avis loufoque qui mettait d'autant plus sur la sellette toutes les émissions fossiles. A présent, ce vote contre la transformation de biomasse primaire, qui fleure la théorie du cascading et dresse le spectre du broyage des grumes, est inquiétant dans le contexte énergétique actuel. Il révèle la faiblesse endémique de la filière bois européenne, déjà mise en avant par le premier lancement du Green Deal sans le bois, puis par la décision de la Commission de privilégier la forêt comme puits de carbone et comme vecteur de biodiversité, soit, de ne pas mettre au même niveau la transformation pour le bois d'oeuvre et la substitution.

Les filière bois nationales peuvent continuer à dormir sur leurs deux oreilles, dans la mesure où ce tergiversations bruxelloises ne parviennent pas vraiment à contrecarrer les pratiques nationales, quoi qu'en disent les ONG. Jusqu'au jour où... Mais d'un autre côté, la faible prestation des lobbys européens de la filière est compréhensible à cause de la lutte qui oppose le bois énergie aux autres utilisations du bois. Si ce n'est qu'aujourd'hui, la demande de palettes devient si forte que les prix régulent le marché. 

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